Signe de leur importance-clé, les deux pays ont été choisis comme invités du 17e Salon des vins de Loire, qui attend jusqu'à mercredi soir près de 9.000 acheteurs, dont un millier d'étrangers, au Parc des expositions d'Angers (Maine-et-Loire). Sur ces marchés très concurrentiels, les produits de la troisième région viticole française subissent l'offensive grandissante des vins du "nouveau monde", produits assemblés en Amérique (Californie, Chili), Afrique du Sud et Océanie (Australie, Nouvelle-Zélande). Le combat est d'autant plus difficile pour le val de Loire que sa présence internationale, avec environ 20% d'exportations en volume, est traditionnellement moins forte que celles d'autres vignobles français (Bordelais, Bourgogne, Champagne). Eparpillées sur 1.000 km et 73.000 ha du Pays nantais au Sancerrois, 16.000 exploitations et 68 appellations d'origine contrôlée (rouges, blancs, pétillants, moelleux...) contribuent à donner une image certes riche, mais aussi éclatée, du vignoble de la "vallée des rois". "La difficulté, c'est cette dispersion sur quasiment tout le fleuve Loire. Il n'y a pas d'+unité Loire+. Or il faut investir sur des noms de marques pour vendre", explique à l'AFP Jean-François Berger, responsable des vins au Centre français du commerce extérieur (CFCE). Contraints de réagir, les trois interprofessions du Val de Loire (Pays nantais, Anjou-Saumur-Touraine et Centre) ont installé en 2001 sur la côte est des Etats-Unis un bureau commun, pour pallier au manque de moyens commerciaux à l'étranger de la plupart des vignerons de la région. Le pays n'a pas été choisi au hasard: il représente un marché certes encore embryonnaire - la part du vin dans la consommation de boissons est inférieure à 2% - mais prometteur. "Les Etats-Unis sont un grand pays, très solvable, où le vin devient à la mode, notamment les vins blancs", explique le président du salon, Pierre Chainier. "Les vins rouges le sont aussi de plus en plus, grâce au +french paradox+, qui veut que nous présentons moins de maladies cardio-vasculaires que les Anglo-Saxons, à la faveur notamment des anti-oxydants présents dans le vin", poursuit-il. En Grande-Bretagne, la France, premier fournisseur de vins longtemps hors de portée de ses concurrents, garde une position confortable (26% du marché), mais est désormais clairement menacée par la progression australienne. "Quand j'ai commencé à exporter en Angleterre, dans les années 1977-78, il y avait 75 à 80% de vins français sur les cartes des restaurants. Maintenant, nous sommes plutôt à hauteur de 20%", déplore Jean-Marie Bourgeois, producteur à Sancerre. Réputés plus "faciles" sur le plan gustatif, les vins du "nouveau monde" obtiennent un franc succès auprès des populations peu familiarisées avec le vin, notamment auprès des plus jeunes. Mais les vins de cépages qui ont fait beaucoup d'efforts qualitatifs, pourraient bien concurrencer de plus en plus frontalement les vins français sur ce qui a fait leur identité et leur force: le terroir. "Le terroir n'est pas l'apanage des Français, même s'ils l'ont inventé. Et il faudra qu'ils se battent aussi là-dessus", pronostique Anne Burchett, représentante en Grande-Bretagne de Vinival, grosse enseigne française de négoce. |